…………………………………………………Yves Bergeret
……Grandes calligraphies du dialogue (4)
………Grandi calligrafie del dialogo (4)
……………………………….Tratto da Carnet de la langue-espace.
……………………………….Traduzione di Francesco Marotta
Des mêmes formats que les Grandes calligraphies 1, 2 et 3, et créées de la même manière en 2003 et 2004, mais avec des signes graphiques tendant exceptionnellement (sauf la première ici) vers l’abstraction, ces Grandes calligraphies-ci voient leurs aphorismes, que je calligraphiai à l’encre de Chine il y a un peu plus de quinze ans, résonner pour chacun de nous dans le temps présent; je les reprends et les porte plus avant. Temps présent soumis aux dangers des populismes et de la pandémie et, pour Hamidou et Dembo, les poseurs des signes, aux dangers extrêmes des intégristes les plus violents.
Degli stessi formati delle Grandi calligrafie (1, 2, 3) e creati allo stesso modo nel 2003 e 2004, ma con segni grafici tendenti eccezionalmente (tranne il primo) verso l’astrazione, queste altre Grandi Calligrafie vedono i loro aforismi, che io ho calligrafato con inchiostro di china poco più di quindici anni fa, risuonare con ognuno di noi nel tempo presente; io li riprendo e li porto più avanti. Un tempo presente esposto ai pericoli dei populismi e della pandemia e, per Hamidou e Dembo, i posatori di segni, ai pericoli estremi degli integralisti più violenti.
***
Le vent a posé son dos sur mon sommeil.
–
Même dans le poids et la nuit de mon sommeil
des archipels rocheux surgissent.
Se cristallisent. Puis se fendent.
Qui a la tête en bas? Le vent ou moi?
–
Le vent sculpte un escalier dans la masse de mon sommeil.
Violence et malheur descendent les marches.
En dormant je me retourne,
violence et malheur tombent dans leur fange en feu.
–
En dormant je retourne le vent.
Des enfants accourent, montent hors d’haleine
les marches jusqu’à la paix.
Il vento si è sdraiato sul mio sonno.
–
Anche nel peso e nella notte del mio sonno
emergono degli arcipelaghi rocciosi.
Solidificano. Poi si dividono.
Chi ha la testa in giù? Io o il vento?
–
Il vento scolpisce una scalinata nella massa del mio sonno.
Violenza e avversità scendono i gradini.
Dormendo io mi rigiro,
violenza e avversità cadono nel loro fango in fiamme.
–
Dormendo io rigiro il vento.
Dei bambini accorrono, salgono senza fiato
i gradini fino alla pace.
*
Le vent enjambe trois montagnes
et saute dans mon torse.
–
A leurs pieds
trois torrents trois ravins
trois naufrages dans une vie
trois ornières à la charrette du ciel
trois échardes au flanc de la parole
trois sourcils qui ne savent se défroncer
trois villages à la dérive sur les sables des guerres
–
et toujours la flèche du vent,
elle racle furieuse, elle rampe amoureuse
dans le nuage, sur la mer robuste
–
et toujours la main de la pensée, mon enfant,
saisissant les trois montagnes
et les plaçant l’une près de l’autre tel un trépied
et la pensée s’y assied
et la parole bondit dans mon torse
et je parle.
Il vento scavalca tre montagne
e mi salta nel petto.
–
Ai loro piedi
tre torrenti tre burroni
tre naufragi in una vita
tre solchi al carretto del cielo
tre schegge sul fianco della parola
tre sopracciglia che non sanno distendersi
tre villaggi alla deriva sulle sabbie delle guerre
–
e sempre la freccia del vento,
che raschia furiosa, che striscia amorosa
nella nuvola, sul mare possente
–
e sempre la mano del pensiero, mio figlio,
che afferra le tre montagne
e le piazza l’una vicina all’altra come un treppiede
sul quale il pensiero si siede
e la parola salta nel mio petto
e io parlo.
*
Je dresse trois pierres au sommet,
qui avalent l’horizon.
–
Au milieu de ma vie voilà le sommet.
Je sais bâtir.
A perte de vue s’étend l’humaine demeure,
à perte de vie. A perte de voix.
Ne s’éteint jamais le sommet.
–
Au sommet à contre-vent un croc du néant me mord.
Le venin d’un mot hostile ronge mes os.
Je trébuche: trois pierres à plat sur la cime
m’ouvrent leurs paumes.
Nous mêlons nos doigts
et je dresse mes bras décharnés,
leurs simples phrases, leurs os creux
par où vient souffler le vent.
Trois pierres, les voilà,
trois pierres sœurs des femmes et des hommes
du lointain, harassés de guerre,
ensemble nous mangeons.
Sollevo sulla cima tre pietre
che ingoiano l’orizzonte.
–
Nel mezzo della mia vita ecco la cima.
Posso costruire.
A perdita d’occhi si estende l’umana dimora,
fin dove arriva la vita. Fin dove arriva la voce.
La cima non scompare mai.
–
Sulla sommità, controvento, un artiglio del nulla mi azzanna.
Il veleno di una parola ostile corrode le mie ossa.
Inciampo: tre pietre piatte sulla cima
mi aprono i loro palmi.
Intrecciamo le nostre dita
e io sollevo le mie braccia scheletriche,
le loro frasi semplici, le loro ossa cave
da dove arriva il soffio del vento.
Tre pietre, eccole,
tre pietre sorelle delle donne e degli uomini
della lontananza, estenuati dalla guerra,
insieme noi mangiamo.
*
Sur le ciel une main trace ton nom.
–
Avec qui manges-tu?
Entre les sommets le vent porte ci et là notre table
comme un bateau de pêche qui ne trouve où accoster.
Les sommets mangent assis ensemble.
–
Une pierre est lancée au zénith
et dans le ciel reste en suspens,
sel de la vie, soleil amer et seul,
quatrième pierre, os dur et léger
qui incise sur la peau du ciel
le nom que tu porteras.
Sul cielo una mano traccia il tuo nome.
–
Con chi mangi, tu?
Tra le cime il vento trascina qua e là la nostra tavola
come un battello da pesca che non riesce ad approdare.
Le cime mangiano sedute insieme.
–
Una pietra viene lanciata allo zenit
e resta sospesa nel cielo,
sale della vita, sole amaro e solitario,
la quarta pietra, osso duro e leggero
che incide sulla pelle del cielo
il nome che tu porterai.
*
La montagne danse dans ma voix.
–
La montagne chante dans ma voix.
La montagne mange dans ma voix.
–
Le vent invente la quatrième montagne.
Le vent s’approche à pas feutrés de l’os creux
qui l’engouffre et le fait naître
et lui donne le long corps allongé
de la quatrième montagne,
ombre crissante de la plus inaccessible personne.
La montagna danza nella mia voce.
–
La montagna canta nella mia voce.
La montagna mangia nella mia voce.
–
Il vento inventa la quarta montagna.
Il vento si avvicina a passi felpati all’osso cavo
che lo ingurgita e lo fa rinascere
dandogli il lungo corpo slanciato
della quarta montagna,
ombra stridente della più inaccessibile persona.
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