Alla salute del serpente

Combien durera ce manque de l’homme mourant au centre de la création parce que la création l’a congédié?

Quanto durerà questa mancanza dell’uomo, che muore al centro della creazione perché la creazione l’ha ricusato?

René Char

Alla salute del serpente

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René Char
À la santé du serpent
(Le poème pulvérisé, 1945-47)
Œuvres Complètes, Paris, Gallimard, 1983
pg. 262 - 267

Traduzione di Francesco Marotta
(1989, 2022)

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I
   Je chante la chaleur à visage de nouveau-né, la chaleur désespérée.

   Canto l'ardore che ha volto di neonato, l'ardore disperato.


II
   Au tour du pain de rompre l’homme, d’être la beauté du point du jour.

   Tocca al pane spezzare l’uomo, essere la bellezza del giorno che nasce.


III
   Celui qui se fie au tournesol ne méditera pas dans la maison. Toutes les pensées de l’amour deviendront ses pensées.

   Colui che confida nel girasole, non se ne starà a meditare in casa. Tutti i pensieri dell’amore diventeranno i suoi pensieri.
 

IV
   Dans la boucle de l’hirondelle un orage s’informe, un jardin se construit.

   Nelle volute della rondine una tempesta indaga, un giardino prende forma.


V
   Il y aura toujours une goutte d’eau pour durer plus que le soleil sans que l’ascendant du soleil soit ébranlé.

   Ci sarà sempre una goccia d’acqua per durare più del sole, senza che l’ascendente del sole sia scosso.


VI
   Produis ce que la connaissance veut garder secret, la connaissance aux cent passages.

   Porta alla luce ciò che la conoscenza cerca di tenere nascosto, la conoscenza dalle cento soglie.


VII
   Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience.

   Ciò che viene al mondo per non creare nessun turbamento non merita né riguardi né pazienza.


VIII
   Combien durera ce manque de l’homme mourant au centre de la création parce que la création l’a congédié?

   Quanto durerà questa mancanza dell'uomo, che muore al centro della creazione perché la creazione l’ha ricusato?


IX
   Chaque maison était une saison. La ville ainsi se répétait. Tous les habitants ensemble ne connaissaient que l’hiver, malgré leur chair réchauffée, malgré le jour qui ne s’en allait pas.

   Ogni casa era una stagione. Così la città si perpetuava. Tutti quanti gli abitanti non conoscevano che l’inverno, nonostante i loro corpi riscaldati, nonostante il giorno che non tramontava.


X
   Tu es dans ton essence constamment poète, constamment au zénith de ton amour, constamment avide de vérité et de justice. C’est sans doute un mal nécessaire que tu ne puisses l’être assidûment dans ta conscience.

   Sei nella tua essenza costantemente poeta, costantemente allo zenit del tuo amore, costantemente avido di verità e di giustizia. Forse è un male necessario che tu non possa esserlo assiduamente nella tua coscienza.


XI
   Tu feras de l’âme qui n’existe pas un homme meilleur qu’elle.

   Farai dell’anima che non esiste un uomo migliore di quella.


XII
   Regarde l’image téméraire où se baigne ton pays, ce plaisir qui t’a longtemps fui.

   Guarda l’immagine intrepida in cui si bagna la tua terra, un piacere che da tempo ti ha abbandonato.


XIII
   Nombreux sont ceux qui attendent que l’écueil les soulève, que le but les franchisse, pour se définir.

   Sono tanti coloro che aspettano che lo scoglio li sollevi, che la meta li superi, per definirsi.


XIV
   Remercie celui qui ne prend pas souci de ton remords. Tu es son égal.

   Ringrazia colui che non si cura del tuo rimorso. Siete simili.


XV
   Les larmes méprisent leur confident.

   Le lacrime disprezzano il loro confidente.


XVI
   Il reste une profondeur mesurable là où le sable subjugue la destinée.

   Resta una profondità misurabile là dove la sabbia soggioga il destino.


XVII
   Mon amour, peu importe que je sois né: tu deviens visible à la place où je disparais.

   Amore mio, poco importa che io sia nato: tu diventi visibile nel posto dove io scompaio.


XVIII
   Pouvoir marcher, sans tromper l’oiseau, du cœur de l’arbre à l’extase du fruit.

   Potersi muovere, senza ingannare l’uccello, dal cuore dell’albero all’estasi del frutto.


XIX
   Ce qui t’accueille à travers le plaisir n’est que la gratitude mercenaire du souvenir. La présence que tu as choisie ne délivre pas d’adieu.

   Ciò che ti accoglie attraverso il piacere è solo la gratitudine mercenaria del ricordo. La presenza che hai scelto non contempla l’addio.


XX
   Ne te courbe que pour aimer. Si tu meurs, tu aimes encore.

   Piègati solo per amare. Se muori, tu ami ancora.


XXI
   Les ténèbres que tu t’infuses sont régies par la luxure de ton ascendant solaire.

   Le tenebre che ti infliggi sono governate dalla lussuria del tuo ascendente solare.


XXII
   Néglige ceux aux yeux de qui l’homme passe pour n’être qu’une étape de la couleur sur le dos tourmenté de la terre. Qu’ils dévident leur longue remontrance. L’encre du tisonnier et la rougeur du nuage ne font qu’un.

   Trascura quelli ai cui occhi l’uomo non è che un tratto di colore sul dorso tormentato della terra. Si spartiscano pure la loro perpetua lagnanza. L’inchiostro dell’attizzatoio e il rosseggiare della nuvola sono una cosa sola.


XXIII
   Il n’est pas digne du poète de mystifier l’agneau, d’investir sa laine.

   Non è degno di un poeta mistificare l’agnello, commerciarne la lana.


XXIV
   Si nous habitons un éclair, il est le cœur de l’éternel.

   Se abitiamo un lampo, siamo nel cuore dell’eterno.


XXV
   Yeux qui, croyant inventer le jour, avez éveillé le vent, que puis-je pour vous? Je suis l’oubli.

   Occhi che, credendo di inventare il giorno, avete svegliato il vento, cosa posso fare per voi? Io sono l’oblio.


XXVI
   La poésie est de toutes les eaux claires celle qui s’attarde le moins aux reflets de ses ponts.
   Poésie, la vie future à l’intérieur de l’homme requalifié.


   La poesia, tra tutte le acque chiare, è quella che si attarda di meno davanti ai riflessi dei suoi ponti.
   Poesia, la vita futura nell’animo dell’uomo rigenerato.


XXVII
   Une rose pour qu’il pleuve. Au terme d’innombrables années, c’est ton souhait.

   Una rosa perché piova. Al termine di innumerevoli anni, questo è il tuo auspicio.