Yves Bergeret
Genesi
REBONDS, 3ème cycle, Genèse
Tratto da: Carnet de la langue-espace.
Traduzione di Francesco Marotta.
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Genèse Genesi 1 Tu nais, en trois bonds lumineux la montagne vient habiter sous ton front. Tu nais, le torrent t’offre ses cordes vocales. Vous vous parlerez avant la neige. A peine ouvres-tu les yeux certains nuages déjà t’emportent sur leur dos. Dans tes yeux sombres veillent plusieurs montagnes, celle aux sources rouges, celle au lait profond, ou celle à profil de vent du large, du grand large. * Tu nasci, in tre balzi luminosi la montagna s’insedia sotto la tua fronte. Tu nasci, il torrente ti offre le sue corde vocali. Vi parlerete prima della neve. Hai appena aperto gli occhi e sei già sulla groppa di qualche nuvola. Nei tuoi occhi scuri vegliano diverse montagne, quella dalle rosse sorgenti, quella dal latte profondo, o quella con il profilo di brezza che spira dal mare. 2 Disponible aux serres de l’aigle, voici le granit. Libre fissure dans la paroi verticale. Béante, la brèche, béante à la ruée du vent. Voici bouche future, déjà un murmure, un prologue. A toi de mettre en récit mont et piémont et combe et moraine, sombres et clairs épaules fines ou larges, marines ou réelles, solaires ou d’apnée… * Accessibile agli artigli dell'aquila, ecco il granito. Fessura aperta nella parete verticale. Una breccia spalancata all'impeto del vento. Ecco una bocca futura, finora un sussurro, un prologo. Tocca a te raccontare montagna e pendici, valli profonde e morene, scure e chiare spalle sottili o larghe, marine o solide, solari o sommerse... 3 Les torrents grondent, l’avalanche à rebours cherche le vent, l’aube. Les sabots du ciel cognent contre le granit. La montagne, est-ce qu’elle s’écarte ou se réunit ? « Mes bras, dis-tu, sont courts mais savent. Ma salive lie les pierres. Je n’ai pas le temps pour le doute. C’est moi qui ouvre le socle de la montagne. Mes bras lui ouvrent une baie où l’océan accourt, voici un port, des quais, c’est ma fable claire. » * I torrenti rimbombano, la valanga cerca a ritroso il vento, l'alba. Gli zoccoli del cielo battono contro il granito. Si sfalda, la montagna, o si rinsalda? «Le mie braccia, tu dici, sono corte ma sanno. La mia saliva tiene unite le pietre. Non ho tempo per il dubbio. Sono io che apro la base della montagna. Le mie braccia vi scavano una baia dove affluisce l'oceano, ed ecco un porto, dei moli, ecco la mia favola chiara.» 4 « Je marche sur l’eau. Mes pieds, dis-tu, sont des barques. J’éclabousse, j’asperge, j’abreuve la montagne, elle grandit, arbre exubérant vacillant vers… » * «Io cammino sull’acqua. I miei piedi, tu dici, sono barche. Spruzzo, bagno, disseto la montagna, che cresce, albero rigoglioso ondeggiante verso…» 5 « Dans les feuilles de l’arbre, dis-tu, je souffle. Quel alphabet palpite dans mon souffle ! Elle grandit, la montagne, arbre gris et or. A mon souffle son tronc s’apprivoise et jusqu’à mes genoux s’incline ». * «Tra le foglie dell'albero, dici, io soffio. Che alfabeto palpita nel mio respiro! Cresce, la montagna, albero grigio e oro. Al mio soffio il suo tronco si acquieta e si piega fino alle mie ginocchia». 6 « L’ancre, dis-tu, je l’aime, l’embrasse, je la laisse et le souple tronc se relève, bondit à ses quatre mille mètres. Qui est l’ancre, elle ou moi ? La mince espèce humaine, juste graines minérales et minotières, un peu de bris, de grincements de dents entre les lèvres du monde assoiffé de sens… mais torrent, neige et glace se précipitent, ah l’avalanche qui frissonne par mes bras grand ouverts, qui maçonne. » * «Amo l'ancora, dici, la abbraccio, la lascio e il tronco flessuoso si solleva, balza ai suoi quattromila metri. Chi di noi due è l'ancora? Gracile, la specie umana, solo semi minerali e da macina, qualche frattura, stridore di denti tra le labbra del mondo assetato di senso... invece torrente, neve e ghiaccio si precipitano giù, una valanga che freme tra le mie braccia spalancate, che edifica».

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Appena nato
Sitôt né
Tratto da Carnet de la langue-espace.
Traduzione di Francesco Marotta.
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5 « Dans les feuilles de l’arbre, dis-tu, je souffle. Quel alphabet palpite dans mon souffle ! Elle grandit, la montagne, arbre gris et or. A mon souffle son tronc s’apprivoise et jusqu’à mes genoux s’incline ». * «Tra le foglie dell'albero, dici, io soffio. Che alfabeto palpita nel mio respiro! Cresce, la montagna, albero grigio e oro. Al mio soffio il suo tronco si acquieta e si piega fino alle mie ginocchia».
Sitôt né Appena nato 1 « Montagne, je te sais arbre ». « Dans les feuilles de l’arbre, dis-tu, je souffle. Si l’aigle me guette, je lui tends la neige en miroir. Si le vautour s’impatiente, je l’affame ». * «Montagna, io ti so albero». «Tra le foglie dell'albero, dici, io soffio. Se l'aquila mi scruta, le porgo la neve come specchio. Se l'avvoltoio è impaziente, lo riduco alla fame». 2 « Quel alphabet palpite dans mon souffle ! ». * «Che alfabeto palpita nel mio respiro!» 3 « Elle grandit, la montagne, arbre gris et or. Ma flamme durcit l’écorce. A mon feu je me brûle. Eclairant la montagne j’érode en tous sens ». * «Cresce, la montagna, albero grigio e oro. La mia fiamma indurisce la corteccia. Al mio fuoco io mi brucio. Illuminando la montagna sgretolo in ogni dove». 4 « À mon souffle son tronc s’apprivoise. Elle et moi valsons d’une lune à l’autre guépard bondissant ». * «Al mio soffio il suo tronco si acquieta. Insieme volteggiamo da una luna all’altra come ghepardi saltellanti».
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