Le lointain / Il lontano

Yves Bergeret

Tratto da Carnet de la langue-espace.
Traduzione di Francesco Marotta.

Un pas puis l’autre
le lointain n’hésite pas ;
les chiens hurlent,
est-ce de joie ?

Les marées rapprochent écartent les montagnes
que tant de violence intimide
harcèle le jour la nuit.

Et si le lointain à pas sûrs s’approche encore
on sait coudre le cuir des montagnes :
tes doigts, le dur buis, le fil de la parole.

*

Passo dopo passo
il lontano non indugia;
è di gioia
che abbaiano i cani?

Le maree avvicinano e separano le montagne
inorridite da tanta violenza
tormentate giorno e notte.

E se il lontano a passi sicuri ancora s’avvicina
sappiamo come cucire la pelle delle montagne:
con le tue dita, il duro bosso, il filo della parola.

*

Chemin, petit chemin,
refuse la foulée de fer blanc
qui fait basculer dans les hangars mortuaires
et crève les yeux.

Sentiero, piccolo sentiero,
impedisci l’andatura metallica
che porta dritto alle camere mortuarie
e cava gli occhi.

*

Chemin, petit chemin,
jette vite l’enclume ;
seuls les gens fusionnels en usent.
Ils ne savent pas marcher.
Ils veulent m’aplatir en lame la vie.

Sentiero, piccolo sentiero,
butta via l’incudine;
solo gente sottomessa ne fa uso.
Incapace di camminare.
Vuole appiattirmi la vita come una lama.

*

Chemin, petit chemin,
enfonce-moi dans le sous-bois.
Une feuille qui frémit au vent
ne mendie pas l’acquiescement
mais garde pour l’étranger un peu de lumière.

Sentiero, piccolo sentiero,
conducimi nel sottobosco.
Una foglia che freme al vento
non implora il consenso
ma conserva un po’ di luce per lo straniero.

*

Chemin, petit chemin,
ne raconte le pays lointain dont tu viens
qu’à l’âme non marchande
qui ne pourrit pas de haine ni de peur.

Sentiero, piccolo sentiero,
parla della terra lontana da cui vieni
solo all’anima incorrotta
che non marcisce d’odio o di paura.

*

Chemin, petit chemin,
lave chaque nuit tes cailloux :
le lointain envoie ses vents jouer sur eux
la tragédie la joie de tout étranger.

Sentiero, piccolo sentiero,
lava ogni notte i tuoi sassi:
il lontano manda i suoi venti a declamarvi
la tragedia e la gioia di ogni straniero.

*