La montagna guarda

Yves Bergeret

Ce que voit la montagne de l’Oule, à Veynes
Ciò che vede la montagna di Oule, a Veynes

Tratto da Carnet de la langue-espace.
Versione di Francesco Marotta.

*

Elle regarde l’homme-squelette de fer blanc,
le coureur de trail, qui la griffe,
cervelle collée sur une montre.
Elle cherche sa mèche
pour la souffler ou pour attiser quelque chose.
Il n’en a pas.

Guarda l’uomo-scheletro di latta,
il motoalpinista, che la graffia,
il cervello incollato a un cronometro.
Cerca il suo stoppino,
per soffiarvi o ravvivarlo in qualche modo.
Ma lui non ne ha.

*

Elle regarde le douloureux à double voix
qui se jette sous des roues, qui cherche les siennes.
Elle les lui camoufle.
Elle le comprend, le rabroue, le berce.

Guarda l’afflitto dalla doppia voce
che si getta sotto le ruote, che cerca le sue.
Gliele nasconde.
Lo capisce, lo rimbrotta, lo culla.

*

Elle regarde le petit enfant
qui regarde ses sourcils au dessus des forêts.
Elle les fronce pour lui déchiffrer
tous les livres du monde.

Guarda il bambino
che osserva le sue sopracciglia sopra le foreste.
Le aggrotta per spiegargli
tutti i libri del mondo.

*

Elle ne désespère pas et appelle encore
l’adolescent qui piétine dans la douleur
et se brise chaque printemps les clavicules.
Elle lui serre les mains.

Non si scoraggia e continua a chiamare
l’adolescente che cammina con dolore
e ogni primavera si rompe le clavicole.
Gli tiene strette le mani.

*

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