
René Char
ERBE AROMATICHE CACCIATRICI
René Char, Aromates chasseurs (1972-75), Paris, Gallimard, 1975.
(Oeuvres complètes, Paris, Éditions Gallimard, 1983,
“Bibliothèque de la Pléiade”, pp. 507-528)
*
I, 2
CE BLEU N’EST PAS LE NÔTRE
Orion au Taureau
Nous étions à la minute de l’ultime distinction. Il fallut rapatrier le couteau. Et l’incarnat analogique.
Peu auront su regarder la terre sur laquelle ils vivaient et la tutoyer en baissant les yeux. Terre d’oubli, terre prochaine, dont on s’éprend avec effroi. Et l’effroi est passé…
À chacun son sablier pour en finir avec le sablier. Continuer à ruisseler dans l’aveuglement.
Qui délivrera le message n’aura pas d’identité. Il n’oppressera pas.
Modeler dans l’apocalypse, n’est-ce pas ce que nous faisons chaque nuit sur un visage acharné à mourir ?
Un outil dont notre main privée de mémoire découvrirait à tout instant le bienfait, n’envieillirait pas, conserverait intacte la main.
Alors disparurent dans la brume les hommes au petit sac.
*
I, 2
QUESTO BLU NON È NOSTRO
Orione verso il Toro
Eravamo al momento della separazione definitiva. Bisognava rimpatriare il coltello. E l’incarnato somigliante.
Pochi hanno saputo guardare la terra sulla quale vivevano e familiarizzare con lei abbassando gli occhi. Terra di oblio, terra vicina, alla quale ci si affeziona con timore. E il timore è passato…
A ognuno la sua clessidra, per farla finita con la clessidra. Per continuare a disseminarsi nella cecità.
Chi consegnerà il messaggio non avrà identità. Non sarà oppressore.
Modellare nell’apocalisse, non è forse quello che facciamo ogni notte su un volto votato alla morte?
Uno strumento di cui la nostra mano, privata di memoria, scoprisse ogni momento il beneficio, non invecchierebbe, manterrebbe intatta la mano.
Allora scomparvero nella nebbia gli uomini con piccoli sacchi.
*
*
I, 3
AROMATES CHASSEURS
Orion à la Licorne
Je voudrais que mon chagrin si vieux soit comme le gravier dans la rivière: tout au fond. Mes courants n’en auraient pas souci.
Maison mentale. II faut en occuper toutes les pièces, les salubres comme les malsaines, et les belles aérées, avec la connaissance prismatique de leurs différences.
C’est quand on ne s’y reconnaît plus, ô toi qui m’abordas, qu’on y est. Souviens-t’en.
La foudre libère l’orage et lui permet de satisfaire nos plaisirs et nos soifs. Foudre sensuelle! (Hisser, de jour, le seau du puits où l’eau n’en finit pas de danser l’éclat de sa naissance.)
II y eut le vol silencieux du Temps durant les millénaires, tandis que l’homme se composait. Vint la pluie, à l’infini; puis l’homme marcha et agit. Naquirent les déserts; le feu s’éleva pour la deuxième fois. L’homme alors, fort d’une alchimie qui se renouvelait, gâcha ses richesses et massacra les siens. Eau, terre, mer, air suivirent, cependant qu’un atome résistait. Ceci se passait il y a quelques minutes.
Détesté du tyran quel qu’en soit le poids. Et pour tout alpage, l’étincelle entre deux flammes.
Il arrive que des actions légères se déploient en événements inouïs. Qu’est-ce que l’inepte loi des séries comparée à cette crue nocturne?
Hors de nous comme au-delà de nous, tout n’est que mise en demeure et croissance menacée. C’est notre désespoir insurgé, inténsement vécu, qui le constate, notre lucidité, notre besoin d’amour, Et tant de conscience finit par tapisser l’éphémère. Chère roulotte !
Le présent-passé, le présent-futur. Rien qui précède et rien qui succède, seulement les offrandes de l’imagination.
Nous ne sommes plus dans l’incurvé. Ce que nous écartera de l’usage est déjà en chemin. Puis nous deviendrons terre, nous deviendrons soif.
*
I, 3
ERBE AROMATICHE CACCIATRICI
Orione verso l’Unicorno
Vorrei che il mio dolore così antico rimanesse come la ghiaia nel fiume: sul fondo. Le mie correnti non se ne preoccuperebbero.
Casa mentale. È necessario abitarne tutte le stanze, le salubri come le malsane, e quelle belle arieggiate, con la consapevolezza prismatica delle loro differenze.
Ricordatene, tu che sei arrivato da me: è quando non vi ci riconosciamo più, che vi siamo.
Il fulmine scatena il temporale e gli permette di soddisfare i nostri piaceri e la nostra sete. Fulmine sensuale! (Tirare su, di giorno, il secchio dal pozzo dove l’acqua non finisce mai di danzare il fragore della sua nascita.)
C’è stato il volo silenzioso del Tempo nel corso dei millenni, mentre l’uomo veniva formandosi. Arrivò la pioggia, senza interruzione; poi l’uomo camminò e cominciò ad agire. Nacquero i deserti; il fuoco si sollevò per la seconda volta. L’uomo allora, in forza di un’alchimia sempre rinnovata, dissipò le sue ricchezze e massacrò i suoi simili. Acqua, terra, mare, aria subirono la stessa sorte, e tuttavia un atomo resisteva. Questo avveniva qualche minuto fa.
Odiato dal tiranno, qualunque fosse il suo potere. E per ogni alpeggio, la scintilla tra due fiamme.
Succede che azioni leggere si trasformino in eventi inauditi. Cos’è l’inadeguata legge delle serie paragonata a questa piena notturna?
Fuori di noi, come al di là di noi, tutto è imposizione e crescita minacciata. È la nostra disperazione insorta, intensamente vissuta, a constatarlo, la nostra lucidità, il nostro bisogno d’amore. E tanta consapevolezza finisce per tappezzare l’effimero. L’amato carrozzone!
Il presente-passato, il presente-futuro. Niente che preceda e niente che segua, solo i doni dell’immaginazione.
Non siamo più esseri curvi. Quello che ci allontanerà dall’abitudine è già in cammino. Poi diventeremo terra, diventeremo sete.
*
*
I, 4
EXCURSION AU VILLAGE
Orion s’éprend de la Polaire
Les amants sont inventifs dans l’inégalité ailée qui les recueille sur le matin.
Il faut cesser de parler aux décombres.
Une écriture d’échouage. Celle à laquelle on m’oppose aujourd’hui. Paysage répété au sommet de la nuit sur qui se lève une lueur.
La brûlure du bruit. Louée soit la neige qui parvient à en éteindre la cuisson.
Les femmes sont amoureuses et les hommes sont solitaires. Ils se volent mutuellement la solitude et l’amour.
Toi qui nais appartiens à l’éclair. Tu seras pierre d’éclair aussi longtemps que l’orage empruntera ton lit pour s’enfuir.
Y a-t-il vraiment une plus grande distance entre nous et notre poussière finale qu’entre l’étoile intraitable et le regard vivant qui l’a tenue un instant sans s’y blesser ?
…Nicolas de Staël, nous laissant entrevoir son bateau imprécis et bleu, repartit pour les mers froides, celles dont il s’était approché, enfant de l’étoile polaire.
*
I, 4
ESCURSIONE AL VILLAGGIO
Orione si innamora della Stella Polare
Gli amanti sono inventivi nell’alata diversità che li raccoglie al mattino.
Bisogna smettere di parlare alle macerie.
Una scrittura incagliata. Quella alla quale mi si paragona oggi. Un paesaggio ripetuto al culmine della notte, sul quale un chiarore si leva.
La bruciatura del rumore. Sia lode alla neve che riesce a fermare l’ustione.
Le donne sono appassionate e gli uomini sono solitari. Si rubano a vicenda la solitudine e l’amore.
Tu che nasci appartieni al lampo. Sarai pietra di lampo fino a quando la tempesta non userà il tuo letto per andarsene.
E’ davvero più grande la distanza tra noi e la nostra polvere finale di quella tra la stella inflessibile e lo sguardo vivo che l’ha trattenuta per un attimo senza ferirsi?
…Nicolas de Staël, lasciandoci intravedere il suo sfuggente battello azzurro, partì per i mari freddi, quelli a cui si era avvicinato, figlio della stella polare.
*
I, 5
LA FRONTIÈRE EN POINTILLÉ
Passage des Gémeaux
Nous sommes lucioles sur la brisure du jour. Nous reposons sur un fond de vase, comme une barge échouée.
Ces conflits entre le désir et l’esprit qui sème la désolation. Conflits d’où l’esprit sort vainqueur par le biais et non par le droit fil.
Le contraire d’écouter est d’entendre. Et comme fut longue à venir à nos épaules la montagne silencieuse. Pour que j’aie pu ouïr un tel tumulte une locomotive a dû passer sur mon berceau.
Dans sa lutte pour la vie, sans le mal aurait-il survécu ? Lui, l’homme blanc? Puis il scella sa domination défleurante.
La multiplication, opération aujourd’hui maudite. De même la croissance. Et l’exploit : ils ne pouvaient traverser que sous le regard nervuré des dieux, lesquels se lassèrent de ne pas se reconnaître en eux.
Puis aux esprits de l’air. Donné aux verges de la terre. Déjà en naissant, nous n’étions qu’un souvenir. Il fallut l’emplir d’air et de douleur pour qu’il parvînt à ce présent.
Le dard d’Orion. Le trèfle étoilé. Dans la garrigue, miroir du ciel diurne.
Le trèfle obscurci… La cicatrice verte.
La trombe de la souffrance, le balluchon de l’espoir.
Un lac ! Qu’on nous l’accorde ! Un lac, non une source au milieu de ses joncs, mais un pur lac, non pour y boire, un lac pour s’offrir au juron glacé de ses eaux estivales. Qui sollicites-tu ? Nul n’est prêteur, nul n’est donnant.
Mains autrefois sublimes. Pas aujourd’hui comptés. Un vivre évasif, un long-courrier retenu jusqu’à son service d’évidence inutile.
Il y a une compréhension à tout, mais de ce filage monte un brouillard, une clameur de peur, et parfois notre haine traçante.
La réponse interrogative est la réponse de l’être. Mais la réponse au questionnaire n’est qu’une fascine de la pensée.
« Ton fils sera spectre. Il attendra la délivrance des chemins sur une terre décédée. »
Tel le peintre Poussin, je me lavais au vent qui durcissait mes ailes sans un regret pour ma mère disparue.
*
I, 5
LA FRONTIERA TRATTEGGIATA
Passaggio dei Gemelli
Siamo lucciole allo spuntare del giorno. Siamo adagiati su un fondo fangoso, come una chiatta incagliata.
Quei conflitti tra il desiderio e lo spirito che la desolazione va seminando. Conflitti dai quali lo spirito esce vittorioso, ma per vie traverse e non in modo corretto.
Il contrario di ascoltare è sentire. E quanto ha tardato la montagna silenziosa per arrivare alle nostre spalle. Perché potessi udire un tale frastuono, una locomotiva è dovuta passare sopra la mia culla.
Nella sua lotta per l’esistenza, sarebbe sopravvissuto senza il male? Lui, l’uomo bianco? In seguito ha posto il sigillo sul suo deflorante dominio.
La moltiplicazione, un processo oggi maledetto. Così come la crescita. E l’impresa memorabile: potevano darsi solo sotto lo sguardo vivificante degli dèi, che si stancarono di non riconoscersi in loro.
Poi agli spiriti dell’aria. Offerto alle verghe della terra. Già nascendo, non eravamo che un ricordo. Fu necessario riempirlo d’aria e di dolore perché giungesse fino al presente.
Il dardo di Orione. Il trifoglio stellato. Nella macchia, specchio del cielo diurno.
Il trifoglio oscurato… La cicatrice verde.
La tromba della sofferenza, il fardello della speranza.
Un lago! Che ci sia concesso! Un lago, non una sorgente in mezzo ai suoi giunchi, ma un limpido lago, non per dissetarsi, un lago per offrirsi all’imprecazione gelida delle sue acque estive. Chi stai sollecitando? Nessuno è prestatore, nessuno è donatore.
Mani un tempo sublimi. Oggi completamente ignorate. Un vivere evasivo, una lunga percorrenza impedita fino all’inutile servizio di prova.
C’è una comprensione per tutto, ma da questa filatura sale una nebbia, un clamore di paura, e a volte il nostro odio tranciante.
La risposta in forma di domanda è la risposta dell’essere. Ma la risposta al questionario è solo una fascinazione del pensiero.
«Tuo figlio sarà un fantasma. Aspetterà la liberazione dei sentieri su una terra morta».
Come il pittore Poussin, mi lavavo al vento che induriva le mie ali senza nessun rimpianto per mia madre scomparsa.
(Trad. di fm / 2002, 2022)
*
“ E’ davvero più grande la distanza tra noi e la nostra polvere finale di quella tra la stella inflessibile e lo sguardo vivo che l’ha trattenuta per un attimo senza ferirsi?”
Non conoscevo questo libro che oggi mi sembra bellissimo. Grazie per la bella traduzione.