“Mi chiamo Tesnim, dice lei,
il mio nome significa Sorgente del Paradiso
cioè Parola Chiara.”
*
Yves Bergeret
Eau, vent, roc
Acqua, vento, roccia
Tratto da Carnet de la langue-espace.
Traduzione di fm.
*
1
Mon socle est une montagne.
Cette montagne est bleue, dis-tu.
Le socle de mon socle
est fait de plissements, dis-tu.
Plus profond ou antérieur,
qu’y a-t-il, je ne le sais pas encore.
En ce temps où quelque chose
crépite et fait semblant
d’être lumière,
dans les plis sédimentaires
dans les blocs granitiques que les plis serrent
continuent,
continuent encore à engendrer
à se risquer à se frotter
la semence âcre et le mythe orgueilleux
continuent à se broyer les uns les autres
mes doigts qui se desserrant
libèrent les vents qu’ils créent
et les vents à toute vitesse montent,
archétypales alouettes dont le trille infini
me soulève dans les airs
où je commence à parler.
1
La mia base è una montagna.
Questa montagna è blu, dici.
Il sostrato della mia base
è fatto di pieghe, dici tu.
Quello che c’è, di più profondo
o anteriore, mi è finora ignoto.
In questo tempo in cui qualunque cosa
crepita e pretende
di essere luce,
tra le pieghe sedimentarie
tra i blocchi di granito che le pieghe serrano
continuano,
continuano ancora a generare
ad arrischiarsi a sfregarsi
l’aspra semenza e l’orgoglioso mito
continuano a premere una sull’altra
le mie dita che aprendosi
liberano i venti che creano
e i venti a tutta velocità si alzano,
uccelli delle origini il cui trillo infinito
mi solleva nell’aria
dove comincio a parlare.
*
2
De mon socle
par une source invisible et bruyante
naît le fleuve vert,
naît le cours de l’eau ivoire et verte
qui s’en va chercher partout
la main tardive du vent,
à reculons en souriant
la main tardive du vent, dis-tu,
va par les plaines et les mers
tourne par les monts et les vals,
la main tardive du vent,
écume si claire
sillage que crée ma vie.
Dans mon socle bleu, dis-tu,
fleuve vert creuse et siffle
ligne de mon destin dans la paume du ciel.
2
Dalla mia base
da una sorgente invisibile e fragorosa
nasce il fiume verde,
parte il corso d’acqua avorio e verde
che va a cercare ovunque
la mano tardiva del vento,
a ritroso sorridendo
la mano tardiva del vento, dici,
corre per pianure e mari
gira per monti e valli,
la mano tardiva del vento,
schiuma così chiara
scia che la mia vita produce.
Nella mia base blu, tu dici,
il fiume verde scava e sibila
linea del mio destino nel palmo del cielo.
*
3
Les pillages et les dogmes
les mercenaires et les viols
cherchent partout la source pour la boucher,
sans répit fouillent où empoisonner le fleuve,
brutes stupides harcèlent pour cisailler ma voix.
Mon socle, dis-tu, craint et s’effrite.
Je déteste que mon socle craigne.
Pour le voir je me retourne.
Pour le voir je fronce mes sourcils,
mon front, dis-tu, est de cent plis sédimentaires.
Mes yeux les voici blocs granitiques
que plissée ma peau serre.
Même si je meurs
mes yeux restent
et mes cordes vocales aussi
haut par-dessus le sillage vert du fleuve.
3
I saccheggi e i dogmi
i mercenari e gli stupri
cercano ovunque la sorgente per sigillarla,
scrutano senza sosta dove inquinare il fiume,
bestie ottuse mi pressano per spegnere la mia voce.
La mia base, dici, ha paura e si sgretola.
Detesto il timore della mia base.
Per vederla mi volto.
Per vederla aggrotto le ciglia,
la mia fronte, dici, è di cento pieghe sedimentarie.
I miei occhi sono blocchi granitici
che la mia pelle raggrinzita stringe.
Anche se muoio
i miei occhi restano
come le mie corde vocali
in alto sopra la scia verde del fiume.
*
4
Multiples plis et strates
qui jaillissez des forêts pentues,
qui à vif jaillissez quand s’effondre
la moitié de la montagne
multiples plis c’est multiples fois
que je plie mes bras et mes jambes,
multiples fois que j’avance
dans les buissons de ronces
et brise les branches sévères
et trace, dis-tu, le sentier de ma vie
dans l’orage sombre la tourbe enflammée
multiples plis c’est chaque pas
chaque début de phrase que je lance
sur la mer déchaînée teigneuse
multiples plis c’est chaque étape
chaque sursaut rapide et dur, dis-tu,
qui sculpte nouvelle côte de mon torse,
qui exhale nouveau soupir de mon poumon,
ah nouvelle cicatrice
de ma ténacité contre l’avalanche,
ah nouvelle dent à ma mâchoire
claquante dans le froid
multiples plis c’est mon front
c’est le coin de mes yeux
car j’avance quoi qu’il en soit,
proue solitaire que les algues pleureuses
ne freinent pas
multiples plis c’est ma scansion
ma confiance à jamais même si boiteuse.
Dans l’âge de mon corps
et dans le heurt de mon pas
je veux aller jusqu’au basalte
je chasse boue et sable
jusqu’au plus profond toujours clair pli.
4
Pieghe e strati che numerosi
spuntate dalle foreste del pendio,
che scaturite di colpo quando frana
metà della montagna
pieghe numerose quante sono le volte
che inarco braccia e gambe,
le volte che avanzo
tra i cespugli di rovi
e spezzo i rigidi rami
e traccio, dici tu, il sentiero della mia vita
la torba fiammante nell’oscura tempesta
pieghe numerose, una per ogni passo
per ogni inizio di frase che lancio
sull’arcigno mare furente
pieghe numerose, una per ogni tappa
per ogni scossa rapida e dura, dici tu,
che scolpisce una nuova costola sul mio petto,
che esala un nuovo respiro dai miei polmoni,
una nuova cicatrice
dalla mia tenacia contro la valanga,
un nuovo dente per la mia mascella
che batte nel freddo
pieghe numerose che sono la mia fronte
l’angolo dei miei occhi
di me che avanzo ad ogni costo,
prua solitaria che le alghe piangenti
non frenano
pieghe numerose che sono la mia scansione
la mia fiducia perenne anche se zoppicante.
Con l’età del mio corpo
e il mio cedevole passo
voglio arrivare fino al basalto
rimuovo fango e sabbia
fino alla piega più profonda, sempre chiara.
*
5
Sous mon socle, dis-tu,
tous ceux et celles qui sont mal morts,
qui ont été tués, ont été brisés
tous, serrés les uns contre les autres, remuent
lourdement remuent
lentement
sous mon socle, dis-tu,
tous ceux et celles qui sont mal morts
qui épuisés de faim, fuyant par sables et mers
ont perdu dents cheveux vêtures mains
et même ceux vendus comme esclaves
en plein désert près d’un puits
sous mon socle, dis-tu,
tous ceux-là et celles-là remuent
avec un bruit de tant de piétinement de tant de pieds
leur sang sec si durci
qu’en craquèle la montagne ma mère.
Ils remuent si fort que pressante leur douleur
se heurte à mes plissements, dis-tu,
et je ne peux plier genoux et coudes
qu’en contrechant des poussées de leurs âmes
mal mortes qui crient contre la voûte
de l’immense caverne sous le socle.
Si fort ils crient et remuent
que sédiments, plis et blocs
se brisent ici, ici-même qui se dit
source invisible et bruyante
ici même où filtre l’eau ivoire et verte.
5
Sotto la mia base, tu dici,
quelli che hanno fatto una fine orrenda,
che sono stati uccisi, spezzati,
tutti, stretti gli uni agli altri, si muovono
si muovono a fatica
lentamente
sotto la mia base, tu dici,
quelli che hanno fatto una fine orrenda,
che, stremati dalla fame, in fuga per sabbie e mari
hanno perduto denti capelli vestiti mani
e anche quelli venduti come schiavi
in mezzo al deserto presso un pozzo
sotto la mia base, tu dici,
tutti costoro si muovono
col calpestio rumoroso di innumerevoli piedi
il loro sangue secco è così indurito
da screpolare la mia materna montagna.
Si agitano così forte che il loro accorato dolore
batte contro le mie pieghe, dici,
e io posso arcuare ginocchia e gomiti
solo in controcanto alle spinte delle loro anime
morte orrendamente che gridano contro la volta
dell’immensa caverna sotto la base.
Gridano e si agitano con tanta forza
che sedimenti pieghe e blocchi
franano qui, proprio qui, su questa
sorgente invisibile e fragorosa
proprio qui dove filtra acqua avorio e verde.
*
6
Je m’appelle Tesnim, dit-elle,
mon prénom veut dire Source du Paradis
c’est-à-dire Parole Claire.
J’aspire l’eau.
Elle remonte jusqu’à mes lèvres.
Elle se recueille en moi.
Puis je la verse.
Je suis, dit-elle, la sève de douceur
dans les arbres des rives,
elles n’ont plus peur.
J’efface inondation et crue,
de la violence je me retire ; au paysage sarcastique
des mâles en cuirasse j’ôte prévalence.
Je suis, dit-elle, douceur.
La chair bleue de la montagne, c’est moi.
Je cours dans le versant d’ombre
de la masse rocheuse.
Je sais remonter la pente si raide,
emportant vers le haut l’insomnie crieuse
du socle et des socles.
C’est moi qui donne à la montagne
la courbe de son dos
et à sa crête la forme d’une carène
de brume sombre en plein milieu du ciel
dont je noue et moule le bleu profond
entre mes seins.
6
Mi chiamo Tesnim, dice lei,
il mio nome significa Sorgente del Paradiso
cioè Parola Chiara.
Aspiro l’acqua.
Che risale fino alle mie labbra.
Che si raccoglie in me.
Poi la riverso.
Io sono, dice, la morbida linfa
negli alberi delle rive,
che non hanno più paura.
Cancello inondazione e piena,
rifiuto ogni violenza; al paesaggio beffardo
dei maschi in corazza, non do importanza.
Io sono mitezza, dice lei.
Sono la carne blu della montagna.
Corro sul versante in ombra
della massa rocciosa.
So risalire il più ripido pendio,
portando verso l’alto l’insonnia urlante
della mia e di ogni altra base.
Sono io che dono alla montagna
la curva delle sue spalle
e alla sua cresta la forma di una carena
di bruma scura in mezzo al cielo
di cui stringo e plasmo il blu profondo
tra i miei seni.
*
7
Or Tesnim, dis-tu, déjà se retire
ou est-ce la brume qui si soigneusement
l’absorbe, si voluptueusement
qu’on ne sait si le bleu
est sang, corps de Tesnim ou ciel profond.
Je suis, dis-tu, le souffle
du long cri que pousse la montagne
au moment où Tesnim se retire.
Je suis, dis-tu, le froissement
l’arrachement des chairs.
Je suis le trille
de cela qui ouvre la voie de son propre récit
entre halètement dans la foule du socle
et suspens du ciel à l’œil encore clos
sur sel et vent vert.
7
Ora, tu dici, Tesnim già si ritira
o è la nebbia che con tanta cura
la assorbe, così voluttuosamente
che non si sa se il blu
è sangue, corpo di Tesnim o cielo profondo.
Io sono, dici, il respiro
del lungo grido della montagna
nel momento in cui Tesnim si allontana.
Io sono, dici, il corrugamento
la lacerazione delle carni.
Io sono il trillo
di ciò che apre la strada al suo racconto
tra l’ansimare nella folla della base
e il cielo sospeso con l’occhio ancora chiuso
sul sale e sul vento verde.
*
8
Suspendu à mi-pente assis sur le seuil
je vois, dis-tu, l’égaré affolé échevelé
qui patauge en bas retombe
plusieurs pas en arrière s’efforce.
Par le travers des forêts sombres il cherche
du bois pour charpenter son corps
trois rameaux droits pour étayer sa vie
mais les branches cassent
retombent sur ses pieds.
Qui saignent. Il part en tressautant
ailleurs, au ravin suivant, au val tortueux.
Il me hèle, dis-tu, et veut trouver le sentier
et la clairière, dit-il, avant le seuil.
Ce n’est pas clairière, lui dis-tu.
Avant le seuil ce sont dix pierres claires.
Sur leurs faces de longues incisions entrecroisées
attendent le doigt de l’aveugle
qui les lira, dis-tu,
attendent la main de celui ou celle
qui leur versera quelque sang quelque sève.
Rien ne sert de trépigner, lui dis-tu.
Les dix pierres claires, lui dis-tu,
sont mes sœurs silencieuses.
Tesnim les enfanta
un matin dans une intuition foudroyante.
Je m’assieds près d’elles, dis-tu.
La seule pierre sombre, dis-tu,
c’est moi ; je suis sonore,
sonore du son de tous les piétinements
sous le socle, de tous les piétinements en bas
des pentes, des rebonds des dix pierres claires
si un poème les élance.
8
Sospeso a metà pendio seduto sulla soglia
vedo, dici tu, lo smarrito affranto scapigliato
che si trascina in basso ripiomba
parecchi passi indietro si affatica.
Nelle oscure foreste egli cerca
il legno per rinforzare il suo corpo
tre rami dritti per sostenere la sua vita
ma i rami si spezzano
gli ricadono sui piedi.
Che sanguinano. Si sposta tremando
altrove, al prossimo burrone, alla valle tortuosa.
Mi chiama, dici tu, e vuole trovare il sentiero
e la radura, dice, prima della soglia.
Non è una radura, gli dici.
Prima della soglia ci sono dieci pietre chiare.
Sulle loro lunghe facce incisioni incrociate
attendono il dito del cieco
che le leggerà, dici,
attendono la mano di colui o di colei
che gli verserà del sangue o della linfa.
Non serve a niente agitarsi, gli dici.
Le dieci pietre chiare, gli dici,
sono le mie sorelle silenziose.
Tesnim le ha partorite
un mattino con una intuizione folgorante.
Mi siedo accanto a loro, dici.
L’unica pietra scura, dici,
sono io; io risuono,
rimando il suono di ogni calpestio
sotto la base, di ogni calpestio
sotto i pendii, dei rimbalzi delle dieci pietre chiare
se un poema le lancia lontano.
*
9
Dix pierres claires, dis-tu, ne font clairière ni rivière.
Dix pierres claires nées par grands à-coups.
Personne ne voit ensemble les dix pierres.
Pas même moi.
Chaque histoire est une colonne,
en haut de la colonne une pierre claire.
Toutes ensemble elles portent ma vie
mais jamais toutes ensemble, dis-tu.
Il y a la colonne courte de mon enfance pénible
et son babillage dans l’humus noir.
Il y a la colonne de la fugue adolescente
et son remue-ménage funambule.
Il y a la colonne de la jeunesse dure
et celle de la jeunesse fougueuse
et celle de la jeunesse intrépide.
Il y a, dis-tu, la colonne de mon premier enfant
et sa prudence enthousiaste,
il y a, dis-tu, la colonne de mon deuxième enfant
et ses écailles audacieuses.
Chaque colonne n’entre dans la réalité
que par sa pierre claire, de guingois à sa cime,
cristallisant le rire, dis-tu,
qui m’a toujours fait avancer.
Mais le rire est silencieux, juste en tenace harmonie
avec mille plis et leurs blocs
qui n’ont pas souvent la tendresse pour emblème.
Si les autres colonnes sont à peine esquissées
leurs pierres claires se suspendent déjà
dans le vide, narquoises quelque peu dis-tu.
Tel est mon humain clan, sans âge
et riant. Pas de sable ni de boue.
Des pierres claires. A mi-pente.
A lointaine pente, dis-tu.
Les échevelés croient que nous faisons clairière
où ils viendraient mendier câlins.
C’est l’inverse. C’est en pleine pente roue irréelle
à dix pierres claires.
Le moyeu de la roue c’est la pierre sombre,
c’est le contrejour que je suis, dis-tu.
C’est la source invisible et bruyante qui me dit,
qui dit.
9
Dieci pietre chiare, dici tu, non fanno radura né fiume.
Dieci pietre chiare nate da immensi slanci.
Nessuno vede le dieci pietre insieme.
Nemmeno io.
Ogni storia è una colonna,
in cima alla colonna una pietra chiara.
Tutte insieme reggono la mia vita,
mai tutte insieme, dici tu.
C’è la colonna corta della mia penosa infanzia
e il suo balbettio nell’humus nero.
C’è la colonna della fuga adolescente
e la sua effervescenza funambolica.
C’è la colonna della giovinezza dura
e quella della giovinezza ardente
e quella della giovinezza impavida.
C’è, dici, la colonna del mio primo figlio
e la sua entusiastica prudenza,
c’è, dici, la colonna del mio secondo figlio
e le sue intrepide scaglie.
Ogni colonna entra nella realtà
grazie alla sua pietra chiara, inclinata in alto,
che cristallizza, dici, la risata
che mi ha fatto sempre andare avanti.
Ma la risata è silenziosa, in tenace armonia
solo con le mille pieghe e i loro blocchi
che di solito non hanno la tenerezza come emblema.
Se le altre colonne sono appena abbozzate,
le loro pietre chiare già penzolano
nel vuoto, un po’ beffarde, dici tu.
Questo è il mio gruppo umano, senza età
e sorridente. Niente sabbia né fango.
Solo pietre chiare. A metà pendio.
Su un pendio lontano, dici.
Gli scapigliati ci credono una radura
dove verrebbero a mendicare blandizie.
È il contrario. È una ruota irreale di dieci pietre
chiare sul pendio.
Il mozzo della ruota è la pietra scura,
è il controluce che io sono, dici.
È la fonte invisibile e fragorosa che mi dice,
che dice.
***
1 commento su “Acqua, vento, roccia”