
René Char
ERBE AROMATICHE CACCIATRICI
René Char, Aromates chasseurs (1972-75), Paris, Gallimard, 1975.
(Oeuvres complètes, Paris, Éditions Gallimard, 1983,
“Bibliothèque de la Pléiade”, pp. 507-528)
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II, 1
RÉCEPTION D’ORION
Qui cherchez-vous brunes abeilles
Dans la lavande qui s’éveille ?
Passe votre roi serviteur.
Il est aveugle et s’éparpille.
Chasseur il fuit
Les fleurs qui le poursuivent.
Il tend son arc et chaque bête brille.
Haute est sa nuit ; flèches risquez vos chances.
Un météore humain a la terre pour miel.
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II, 1
ACCOGLIENZA DI ORIONE
Chi state cercando, api brune,
Nella lavanda che si risveglia?
Passa il vostro re servitore.
È cieco e si dissemina.
Cacciatore fugge
I fiori che lo inseguono.
Tende il suo arco e ogni bestia brilla.
Alta è la sua notte; frecce, tentate la sorte.
Una meteora umana ha la terra per miele.
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II, 2
LA DOT DE MAUBERGEONNE
Un bouquet de thym en décembre, une griffe de sauge après neige, de la centaurée dès qu’elle aimera, un échelon de basilic, la renouée des chemins devant sa chambre nuptiale… Que le ciel, lorsqu’elle sortira, lui donne son vent rapide.
LA DOTE DI MAUBERGEONNE
Un mazzetto di timo in dicembre, una piantina di salvia dopo la neve, un po’ di centaura per quando si innamorerà, un ciuffo di basilico, la corregiola dei sentieri davanti alla sua camera nuziale… Che il cielo, quando lascerà la casa, l’accompagni col suo agile vento.
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II, 3
LA RAINETTE
Rainette se confie à l’osier qui la hale. La branche humide retire sa robe. Écorce et jeunes feuilles ont des égards pour un ventre héraldique ! La cuisson de la faux enflammée sera pour le bas monde des herbes mordillées. L’aberration occupe tout le ciel : là-haut, le divin églantier fouette à mort ses étoiles.
LA RANETTA
La ranetta si affida al vimine che la sorregge. La fronda umida tira su la sua veste. Scorza e giovani foglie hanno riguardi per un ventre araldico! La cottura della falce infiammata sarà per il mondo in basso delle erbe mordicchiate. L’aberrazione occupa tutto il cielo: in alto, la divina rosa canina sferza a morte le sue stelle.
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II, 4
RODIN
Ces marcheurs, je les ai accompagnés longtemps. Ils me précédaient ou louvoyaient, balbutiants et cahotants, à la faveur d’un tourbillon qui les maintenait toujours en vue. Ils étaient peu pressés d’arriver au port et à la mer, de se livrer au caprice exorbitant de l’ennemi. Aujourd’hui la lyre à six cordes du désespoir que ces hommes formaient, s’est mise à chanter dans le jardin empli de brouillard. Il n’est pas impossible qu’Eustache le dévoué, le chimérique, ait entrevu sa vraie destination qui ne se comptait pas en instants de terreur mais en souffle lointain dedans un corps constant.
RODIN
Ho accompagnato per molto tempo questi camminatori. Mi precedevano o tergiversavano, balbettando e sobbalzando, grazie a un turbine che li manteneva sempre in vista. Non avevano fretta di arrivare al porto e al mare, di consegnarsi all’arbitrio smisurato del nemico. Oggi la lira a sei corde della disperazione che questi uomini hanno costruito, ha cominciato a cantare nel giardino pieno di nebbia. Non è improbabile che Eustache il devoto, il chimerico, abbia intravisto la sua vera destinazione, che non si calcolava in attimi di terrore ma in un respiro lontano dentro un corpo costante.
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II, 5
ÉBRIÉTÉ
Tandis que la moisson achevait de se graver sur le cuivre du soleil, une alouette chantait dans la faille du grand vent sa jeunesse qui allait prendre fin. L’aube d’automne parée de ses miroirs déchirés de coups de feu, dans trois mois retentirait.
EBBREZZA
Mentre il raccolto finiva di incidersi sul rame del sole, un’allodola cantò nella faglia del vento impetuoso la sua giovinezza che stava per finire. L’alba autunnale, ornata dei suoi specchi frantumati dagli spari, sarebbe echeggiata tre mesi dopo.
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II, 6
PONTONNIERS
Il faut deux rivages à la vérité : l’un pour notre aller, l’autre pour son retour. Des chemins qui boivent leurs brouillards. Qui gardent intacts nos rires heureux. Qui, brisés, soient encore salvateurs pour nos cadets nageant en eaux glacées.
PONTIERI
Due rive occorrono alla verità: una per la nostra andata, l’altra per il suo ritorno. Strade che bevano le loro nebbie. Che conservino intatte le nostre risa felici. Che, interrotte, siano ancora salvezza per i giovani che nuotano in acque gelide.
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II, 7
MUTILATEURS
Il eût suffi d’un non lumineux pour indéfiniment allonger et élever nos doigts sur l’étendue et sur les choses. La pierre milliaire où se dépensait devant les ajoncs toute source à saisir est maintenant mutilée. Le Temps aux reins cassés, nous en prenons soin, en un lieu à nous.
MUTILATORI
Sarebbe bastato un no luminoso per allungare e alzare per sempre le nostre dita sulla distesa e sulle cose. La pietra miliare dove si consumava davanti alle ginestre ogni sorgente da controllare è ora mutilata. Il Tempo con le reni spezzate lo curiamo noi, in un luogo tutto nostro.
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II, 8
NOTE SIBÉRIENNE
La neige n’accourait plus dans les mains des enfants. Elle s’amassait et enfantait sur notre nordique visage des confins. Dans cette nuit de plus en plus exiguë nous ne distinguions pas qui naissait. Pourquoi alors cette répétition : nous sommes une étincelle à l’origine inconnue qui incendions toujours plus avant. Ce feu, nous l’entendons râler et crier, à l’instant d’être consumés ? Rien, sinon que nous étions souffrants, au point que le vaste silence, en son centre, se brisait.
NOTA SIBERIANA
La neve non arrivava più nelle mani dei bambini. Si ammassava e partoriva sul nostro nordico volto dei confini. In quella notte sempre più angusta non riuscivamo a distinguere chi veniva al mondo. Perché allora questa ripetizione: siamo una scintilla di origine sconosciuta che prende fuoco sempre più avanti. Questo fuoco lo sentiamo forse rantolare e gridare nel momento in cui si consuma? Niente, se non che stavamo soffrendo, al punto che l’immenso silenzio, proprio al centro, si frantumava.
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II, 9
SOUS LE FEUILLAGE
Frapper du regard, c’est se dessiner dans les yeux des autres, y découvrir leurs traits modifiés auprès des nôtres, mais pour ombrer notre ceinture de déserts. Celui qui prenait les devants s’appuya contre un frêne, porta en compte la récidive de la foudre, et attendit la nuit en désirant.
SOTTO IL FOGLIAME
Colpire con lo sguardo è disegnarsi negli occhi degli altri, scoprirvi i loro tratti modificati vicino ai nostri, ma per ombreggiare la nostra cintura di deserti. Colui che prese l’iniziativa si appoggiò a un frassino, tenne la conta della successione dei lampi e aspettò la notte, colmo di desiderio.
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II, 10
VINDICTE DU LIÈVRE
Ne m’ont-ils pas, pour mieux m’exclure, attribué leurs rêves inimaginables et leurs réalités scélérates ? Sitôt qu’un fenouil maigre leur offre la liberté de me mettre en joue, ils me confèrent la dignité d’affolé. Observez l’interrogation des ombres sur les lèvres rongées de leur terre... Mieux que sur le vent vert où passe une graine, la vengeance de toute mon espèce y file les sons de sa destruction. Depuis que je veille dans le vaste espace d’or qu’Orion déroule à ses pieds, lui, s’avançant aux abords des marais, ne m’estimerait pas ladre, encore moins me capturerait-il pendant mon sommeil exténué. J’ai enfermé leur diable roux dans une bouteille que je donnerai à la mer. La lente vague que Claude Lorrain entendait approcher du môle de ses palais la prendra.
VENDETTA DELLA LEPRE
Non mi hanno forse attribuito, per meglio escludermi, i loro sogni inimmaginabili e le loro scellerate realtà? Non appena un finocchio selvatico gli offre la libertà di puntarmi un’arma contro, mi conferiscono la dignità di esaltata. Osservate le domande delle ombre sulle labbra rosicchiate della loro terra... Meglio che sul vento verde dove passa un seme, la vendetta di tutta la mia specie vi fila i suoni della sua distruzione. Da quando veglio nell’immenso spazio dorato che Orione distende ai suoi piedi, lui, aggirandosi ai margini delle paludi, non mi riterrebbe un’appestata, tantomeno mi catturerebbe durante il mio sonno esausto. Ho chiuso il loro diavolo rosso in una bottiglia che affiderò al mare. L’onda lenta che Claude Lorrain sentiva avvicinarsi al frangimare dei suoi palazzi la raccoglierà.
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II, 11
ORION IROQUOIS
Devant l’horloge abattue de nos millénaires, pourquoi serions-nous souffrants ? Une certaine superstition n’ennoblit-elle pas ? Orion, charpentier de l’acier ? Oui, lui toujours; et vers nous. La masse d’aventure humaine aujourd’hui brisée, ce soir ressoudée, passe sous nos ponts géants.
ORIONE IROCHESE
Davanti al quadrante distrutto dei nostri millenni, perché dovremmo soffrire? Un po’ di superstizione non nobilita forse? Orione, carpentiere dell’acciaio? Sì, sempre lui; e viene verso noi. La massa dell’umana vicenda, frantumata oggi, ricomposta stasera, passa sotto i nostri ponti giganti.
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(Trad. di fm / 2002, 2022)
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Felice, Francesco….davvero felice delle tue traduzioni, vive nel tempo…