Il crinale Puiseux

Yves Bergeret

Il crinale Puiseux

Tratto da Carnet de la langue-espace.
Traduzione di Francesco Marotta.

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Poema scritto a Briançon il 19 febbraio 2022 e calligrafiato, con inchiostro di china e acrilico, su quattro dittici di carta Clairefontaine di 300 g, in formato dispiegato di 24 cm di altezza per 32, pensando a un’ascensione progettata cinquanta anni fa sul crinale settentrionale di punta Puiseux, sul monte Pelvoux.

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1
Sei polmone senza padrone,
aspirato nella scia del tuo respiro,
penna nera sulla cresta bianca in mezzo al cielo,
unghia che stria la cresta,
unghia che fa girare la Terra, la vita.

2
In cima ai gradini imponenti
di scale vertiginose
lo diresti giardino da leggende:
vasi ornati, ulivi nodosi,
ricchi banchetti, piccole fontane…
ma rivoltando una ad una ogni vicenda
arrivi a Prometeo incatenato.
E vuole parlarti; tu scacci l’aquila farlocca
che gli mangia il fegato.
Getti nel precipizio l’arido giardino.
Niente più catene.
Ora sei tu leggenda, cantore.

3
Da cantore, apri l’orecchio della montagna.
La sua membrana vocale
è la tua gola.
Una pietra il tuo occhio.
La montagna entra in te dall’orecchio.

4
Sulla vetta il vento inverte la rotazione della Terra.
Sotto la duplice pietra-occhio
sotterri due talismani
che tuo nonno commosso ti ha donato,
due piccole ginocchia di ferro, cave e nere.
Dentro: la frase annodata, una domanda, una risposta,
da cui in lacrime di gioia nascerà lo slancio
per costruire la tua vita e il mondo
con le tue mani callose, segnate.

*

*

L’arête Puiseux

Poème écrit à Briançon le 19 février 2022 et calligraphié, encre de Chine et acrylique, sur quatre diptyques de Clairefontaine 300g en format déplié de 24 cm de haut par 32, en pensant à une ascension rêvée il y a cinquante-cinq ans, l’arête nord de la pointe Puiseux, au Pelvoux.

*

1
Tu es poumon sans maître,
tu es aspiré dans le sillage de ton souffle,
en plein ciel plume noire sur la crête blanche,
ongle striant la crête,
ongle tournant la Terre, la vie.

2
En haut des marches géantes
de vertigineux escaliers
voici, on dirait jardin aux légendes :
poteries ornées, oliviers noueux,
banquets dorés, petites fontaines…
en retournant un à un chaque épisode
tu arrives à Prométhée enchaîné.
Et il veut te parler ; tu chasses l’aigle pacotille
qui lui mange le foie.
Tu jettes au précipice le maigre jardin.
Plus de chaînes.
Maintenant te voilà légende, diseur.

3
Diseur, tu ouvres l’oreille de la montagne.
Sa membrane vocale
est ta gorge.
Une pierre est ton œil.
La montagne t’entre par l’oreille.

4
Au sommet le vent change la rotation de la Terre.
Sous la double pierre-œil
tu enfouis deux talismans
que très ému l’aïeul t’a donnés,
deux petits genoux en fer, creux et noirs.
Dedans : la phrase nouée, une question, une réponse,
d’où en pleurs de joie s’élancera le bonheur
pour, de tes mains calleuses, en sang,
construire ta vie et le monde.

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